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de la démocratie nouvelle.

elle oublia qu’elle s’était vaincue elle-même eu triomphant partout sous un maître.

Enfin le jour arriva où elle souffrit les retours de la destinée que l’esprit d’aventures et de conquêtes lui avait faite. La fortune s’était lassée, et notre capitale s’ouvrit deux fois à des vainqueurs venus de tous les pays de la terre. L’Europe en armes pesa trois ans sur la France ; deux années après la libération de notre territoire, des révolutions éclatèrent successivement à Madrid, à Lisbonne, à Naples, à Turin, à Rio-Janeiro : nous étions tenus en haleine par ce grand spectacle.

Bientôt les Bourbons osèrent rassembler une armée, et mettre à l’épreuve la foi des troupes qu’ils envoyaient en Espagne pour y renverser un gouvernement constitutionnel. Un complot buonapartiste s’organisa contre le prince chargé de commander l’expédition ; mais il avorta. Cette époque forme comme un temps de halte dans ta période de la restauration.

Nous prévîmes que la couronne allait oser davantage contre les libertés publiques. Le reste des années écoulées depuis la restauration du trône de Ferdinand jusqu’à la chute de celui de Charles X s’est consumé dans les efforts graduels de la démocratie qui, pareille à une mer furieuse qui en veut à ses rivages, rongeait les huit siècles de la monarchie du droit divin.