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suffiront pour propager dans leur pays les connaissances et les arts ; ils seront les tiges d’où sortiront une infinité de rameaux. La science se reproduit elle-même avec une fécondité infinie. Méhémed-Ali a appelé, en outre, dans ses États, des hommes versés dans la pratique de l’administration européenne ; en un mot, il fait faire le rudiment à tout son peuple ; et déjà l’astre qui a éclairé un jour la vieille Égypte forme un nouveau crépuscule, après une nuit qui a duré des siècles.

La France peut imiter ces exemples. Pourquoi le gouvernement n’enverrait-il pas en Angleterre, dans les Pays-Bas, jusqu’aux États Unis, un certain nombre de jeunes Français pour y étudier l’art du commerce ? Nulle part, en France, cet art n’a de maître ni de disciples. L’instruction de l’esprit étant absente, le caractère fait également défaut. Si la science est la force[1], la connaissance d’un art amène les vertus qui y font réussir. Dans ce cas certaines qualités se trouvent placées au nombre des moyens de succès, et les pratiquer, c’est profiter de l’enseignement qu’on a reçu.

Si vous voulez donner au peuple français l’esprit de négoce, commencez donc par ouvrir des établissements où le commerce soit enseigné. Con-

  1. Mot de Bacon.