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Alexandre avait ouvert à la fois deux chemins au commerce de l’Inde, pour l’amener sur le littoral de la Méditerranée. D’une part, il voulut lui faire traverser la mer Rouge et l’introduire dans Alexandrie, qu’il venait de fonder ; de l’autre, le mener par le golfe Persique, lui faire remonter l’Euphrate et le Tigre, et l’amener, à travers le continent asiatique, jusque dans la Grèce.

Pendant dix siècles, le commerce de l’Inde passa presque entier par la mer Rouge et l’Égypte. Quant à l’autre chemin, il fut très peu suivi ; car, au lieu de naviguer dans le golfe Persique et sur l’Euphrate, le commerce arriva dans le continent asiatique par l’Oxus et la mer Caspienne.

Le but des Anglais ne serait-il pas de rétablir cette seconde communication projetée par le génie d’Alexandre ? Ce qui me suggère cette opinion, c’est l’effort qu’ils tentent pour assurer à leur commerce, sur les marchés de la Turquie, une pratique qui leur a toujours échappé. La Russie n’a rien épargné pour les empêcher de trafiquer dans tous les pays situés autour de la mer Noire ; elle tient soigneusement les clefs du Danube ; elle a rétabli des douanes à Odessa, et exclu tous les bâtiments marchands de Sebastopool.