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NOTES. 397 d

Il.

RAPPORT

DE M. AUGUSTIN THIERRY,

sur les THo~Kme/t~ inédits de l’histoire du y’ter.f-tat. Parmi les travaux historiques entrepris sous la direction de M. le ministre de l’instruction publique, l’un des plus importants est celui qui a été confié à M. Augustin Thierry, et qui a pour objet la recherche etla publication des monuments inédits de l’histoire du tiers-état. Depuis un an,M. Augustin Thierrys’estvouë sans relâche à l’accomplissement de cette tâche difticUe; il a recueilli de tous les points du royaume, par l’entremise des correspondants du ministère, un grand nombre de documents precie ux, et, dans un rapport qu’il vient d’adresser à M. le ministre de l’instruction publique, il a rendu compte des résultats obtenus jusqu’à ce jour. Nous mettrons sous les yeux de nos lecteurs ce rapport qui nous a été communiqué, et qui nous paraît devoir exciter le plus vif Intérêt.

Monsieur le ministre,

A la fin de l’année dernière, vous m’avez fait l’honneur de me charger de diriger le travail d’une collection des chartes de communes et des statuts municipaux des villes de France, ainsi que des statuts et réglements des anciennes corporations d’arts et métiers, recueil destiné a ëclaircir les origines etl’histoire du tiers-état. Comme vous me laissiez une entière liberté relativement à la conduite étala division du travail, j’ai cherché premièrement à me faire une idée nette et précise de ce que devrait être un recueil complet des monuments de l’histoiredu tiers-état, pour qu’un teirecueilpût rivaliser avec les grands ouvrages d’érudition consacrés à l’histoire de )a noblesse et du clergé, et qu’il fût digne de la haute fortune politique de ce troisième ordre, le dernier en date, longtemps le moindre en pouvoir, mais que la Providence destinait à vaincre les deux autres et à les absorber dans une seule masse nationale, désormais compacte et homogène. Les différents genres de matériaux capables de figurer comme documents de l’histoire civile et politique du tiers-état ou de la bourgeoisie française m’ont semblé pouvoir être rangés sous plusieurs chefs spéciaux, selon qu’ils se rapportent à la condition privée ou publique des personnes roturières, à leur existence dans la famille, dans la corporation industrielle, dans la commune, dans la province et dans l’Etat. Il m’a semble que ces diverses classifications pouvaient se réduire à