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favoriser, en août, le départ des cargaisons destinées aux ports de l’Inde, et faciliter, en décembre, le retour des marchandises exportées de ce pays. Ainsi, les bâtiments romains, qui partaient autrefois de l’Égypte, employaient six semaines à aller aux Indes, et six autres à en revenir. Aujourd’hui, il s’en faut de peu que le voyage, comprenant le trajet et le retour, ne demande toute une année.

L’une des bonnes raisons qui ont fait que le commerce a mieux aimé parcourir d’immenses espaces sur l’océan Atlantique, faire le tour de l’Afrique entière, et passer deux fois sous l’équateur, plutôt que de traverser la Méditerranée et la mer Rouge, c’est sans doute le peu de sécurité qu’offrait la navigation dans ces deux mers.

Maintenant, le pavillon français étend son ombre sur la Méditerranée ; et l’Égypte est assez civilisée pour que le passage dans le golfe Arabique soit à l’abri de tout danger : tout fait donc présumer qu’un jour le commerce de l’Inde se ressouviendra de son ancienne route. Quelle ne sera donc pas la grandeur des destins réservés à notre régence d’Alger quand, déjà appelée à recueillir l’héritage de Carthage et à devenir elle-même l’entrepôt du commerce de l’Europe avec l’Afrique centrale, notre colonie sera voisine