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n’ont jamais plus d’éclat ni de ressort que dans les rangs pressés d’une assemblée publique[1] ?

Mais on conçoit, on excuse, on approuve même la froide réserve d’une Chambre gardienne des finances du pays, à qui on vient, chaque année, proposer soit d’ajouter à nos forces militaires sur la côte d’Afrique, soit d’en retrancher un ou deux régiments ; de dépenser ou d’économiser quelques milliers de francs, d’occuper ou d’évacuer telle ou telle place, sans pouvoir dire sur quels motifs ces propositions successives et contradictoires sont fondées, sans développer devant elles un système auquel l’avenir paraitra forcé de s’assujettir. La Chambre fait son devoir, et, n’apercevant aucune grandeur dans la politique, se réduit au moins à protéger l’intérêt de la fortune de la France et à épargner le sang de ses soldats[2].

Mais je ne doute pas que cette même assemblée n’eût été à demi subjuguée par la grandeur des desseins d’un cabinet qui aurait proposé d’en-

  1. On peut juger de la vérité de ces réflexions, d’après l’immense effet produit sur la Chambre des députés par quelques paroles prononcées par M. Thiers, dans la discussion que le budget du ministère de la guerre a ramenée, en 1836, sur la même question, et qui étaient conçues dans le sens que nous venons d’indiquer.
  2. Ceci était écrit au commencement de 1836.