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gardent la trace lumineuse de son passage ; et longtemps après qu’elle a quitté la terre étrangère, on y voit avec étonnement se lever les fruits dont le germe bienfaisant était tombé de sa main.

Mais cette œuvre sublime d’aider la civilisation générale, elle ne se l’est jamais proposée d’une manière directe : ne songeant, sous Louis XIV, qu’à se couvrir de la gloire qui suit l’exquise politesse des mœurs et les inventions perfectionnées dans les lettres ; puis cherchant, sous Louis XV, le chemin qui mène à la liberté ; ne trouvant sous Louis XVI, que celui des révolutions ; et enfin poursuivant, sous Napoléon, avec une généreuse folie, l’empire du monde.

Il serait temps aujourd’hui de lui rendre un but qui mérite si bien de piquer d’honneur sa haute ambition, et qui, d’ailleurs, lui est montré par la morale comme l’objet vers lequel la Providence lui ordonne de se diriger ; car la morale des peuples est la même que celle des particuliers : travailler d’abord à se rendre meilleur, puis se répandre sur ses semblables et les aider dans la recherche du bonheur et de la vérité, telle est notre obligation à tous ; telle est aussi celle d’un peuple à l’égard des autres peuples. La civilisation du monde ! Quel incommensurable espace ouvert au vol courageux de la pensée !