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leurs querelles, de s’embrasser sous ses étendards, de se rassasier de victoires ; la vie nationale était devenue brûlante. Les Français avaient un but.

Aujourd’hui, ils soupirent pour en retrouver un. Les passions nationales, dans une contrée libre, ne sauraient s’en passer.

Si le but n’est pas extérieur, il devient intérieur. Si ce n’est pas du gouvernement qu’on le tient, chacun cherche à se le donner à soi-même. Le parti légitimiste avait le sien tout trouvé ; celui du parti républicain est de changer la forme du gouvernement : il en est résulté que celui du juste-milieu a été de la maintenir.

Ainsi le parti républicain a déterminé le système politique que la royauté a suivi : il a donné un but à tous les intérêts que ses menaces alarmaient ; il a amené une plus étroite alliance entre le roi et la moyenne propriété ; il a empêché que la division ne s’établit entre les partisans de la nouvelle monarchie : ses combats et ses revers ont fait éclater la force du gouvernement, ont donné au dévouement de ceux qui le servent de grandes occasions pour se rendre manifeste ; et ont inspiré une confiance plus générale dans l’affermissement du trône de juillet ; de sorte que, par une étrange complication d’effets, il n’est rien qui ait plus secondé les destinées naissantes