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années de celui de Louis XVI, une paix presque continue laissa notre humeur belliqueuse sans emploi. Ce repos contre nos goûts amena une fièvre terrible dans les esprits ; l’activité nationale se déclara par le mouvement des idées ; la philosophie du xviiie siècle n’était qu’un besoin de guerre non satisfait. En même temps qu’on nous sevrait de combats, nous perdions la foi, et nous n’avions pas encore de commerce. Il ne faut pas s’étonner que la nation la plus éclairée et la plus vive du monde, précipitée dans ce vide funeste, se soit déchiré les entrailles avec une fureur inconnue sur la terre et éternellement mémorable.

Napoléon parut et mit un soulagement par la guerre à nos discordes civiles :il fit preuve d’une grande prudence en protégeant la religion ; mais il dédaigna jusqu’à la fin le commerce qui seul l’eût protégé. Je reconnais qu’il était pressé de nous guérir de nos fureurs ; mais sa politique a été trop courte, lorsqu’il n’a plus livré de batailles que pour vaincre. Le sublime de son administration eût été de nous ramener de la guerre au travail ; mais les grands hommes ne savent guère comment se ménager ; et là on leur génie éclate le mieux, ils obéissent le plus à leurs passions.

Les Bourbons ont tenté de remplacer la guerre