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livre i, chap. v.

un conseil, composé d’évêques et de chefs militaires. Pour s’attacher ces derniers, ils leurs distribuèrent des terres qu’ils se réservaient le droit de leur retirer, captivant ainsi leur foi par l’espérance et la crainte. Mais bientôt la couronne ayant distribué tous ses domaines, et étant forcée de donner encore, accorde successivement aux seigneurs le droit de rendre eux-mêmes la justice dans leurs terres, la possession sans limites de leurs seigneuries[1], et enfin l’hérédité de ces mêmes bénéfices[2].

Bientôt les prérogatives de la naissance se font sentir. La noblesse se rassemble, s’isole du peuple, se fait d’autres intérêts que ceux de la couronne. Le roi n’est plus de rien pour les grands qui, juges à la fois et capitaines des hommes de leurs terres, sont devenue rois eux-mêmes.

Son autorité s’avilit jusqu’à tomber entre les mains de ses domestiques. Les maires du Palais, réduits d’abord à un office inférieur, grandissent peu à peu à ses dépens et achèvent de lui ôter l’effectif du pouvoir ; ils arrivent à ce point de ne lui laisser que le vain titre de roi qu’ils dédaignent d’usurper.

  1. Ce fut en 587 que la couronne s’engagea à ne plus retirer les bénéfices qu’elle avait conférés.
  2. Clotaire confirma, en 615, l’hérédité des terres concédées.