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livre i, chap. ii.

la bienséance, cultivées si loin par le prince et les grands, communiquaient aux œuvres de l’esprit et de l’art ces tempéraments délicats, cette habile symétrie, cette morale convenue qui ont fait la surprise et l’admiration de la postérité

La plupart des écrivains ne travaillaient que pour l’aristocratie. Ils faisaient d’elle l’unique personnage de leurs tableaux, et se seraient bien gardés de l’éclairer d’une fâcheuse lumière et de la diminuer dans l’estime de la nation.

Aussi, examinez le genre de littérature dédié à la peinture des mœurs de la bourgeoisie, je veux dire la comédie. Affranchis des convenances dont nous parlions tout à l’heure, les beaux esprits se donnent carrière. Nous qui sommes aujourd’hui si pointilleux, touchant les mœurs étalées sur la scène, que dirait-on de quelques pièces de Molière représentés pour la première fois devant nous ? Comme on se récrierait sur les mauvaises maximes qui y sont débitées, sur l’immoralité du sujet, sur les maris qu’on tourne en risée, les fils qu’on exhorte à voler leurs pères, les valets dont on célèbre les infamies dignes du gibet ! Et que serait-ce si nous remontions plus haut que notre grand poète comique, et interrogions les archives du théâtre sous le règne de Louis XIII !

Ces indignations vigoureuses dont nous remplit le moindre écart de notre littérature et de notre