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de la démocratie nouvelle.

pratiques qui, de nos jours, abîmeraient dans l’infamie un homme d’État. Les crimes dont nous sommes témoins au xixe siècle siècle, et qui nous font frémir, comme inouis sous le soleil, ne sont que bagatelles auprès de la fameuse affaire des poisons, de ces prodigieuses scélératesses de la Brinvilliers et de la Deshayes, tissu d’horreurs dans lequel tant de personnes de la cour furent enveloppées.

Voulons-nous prendre une idée des mœurs de la bourgeoisie, songeons à ce nombre infini de jeunes seigneurs, aussi riches que débauchés, se faisant entre eux un point de gloire de dresser aux femmes du second ordre tous les pièges de la séduction.

Une lettre italienne, datée de Paris, le 4 août 1772, renferme de curieux détails sur la fausse dévotion, le luxe désordonné, le mépris du lien conjugal qui formaient le trait général. Une autre lettre écrite par un séculier à un de ses amis déplore les immodesties et les profanations qui se commettent dans les églises ; et une ordonnance de l’archevêque de Paris invite les pasteurs à tonner dans la chaire de vérité contre l’habillement sans décence et les airs impudiques des femmes.

Je ne dirai plus qu’un mot pour faire juger du règne de Louis XIV. Il ne se peut qu’une nation,