Page:Alletz - De la démocratie nouvelle, ou des mœurs et de la puissance des classes moyennes en France - tome I.djvu/37

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
11
livre i, chap. ii.

du temps font foi des déréglements des femmes qui suspendaient le prix de leur honte à leur cou et à leurs oreilles. Parlerai-je des vols et des rapts commis par les écoliers ; de l’audace criminelle des valets qui mettent toute la ville en confusion ; de la rage des duels ; de l’horreur des assassinats soldés ; du grand nombre de tripots, de la licence et des obscénités qui souillent le théâtre ; des fièvres pestilentielles engendrées par la pauvreté et la mauvaise police ? N’oublions pas, pour couronner le tableau, un roi adoré qui tombe sous le poignard d’un moine, un maréchal assassiné par son rival qui obtient, pour prix de son crime, le bâton de connétable ; la mère et les frères de Louis XIII chassés honteusement par le roi lui-même, trop faible pour n’être pas cruel.

Mais, nous voici parvenus au grand siècle de Louis XIV. L’adultère s’assied pompeusement sur le trône ; mesdames de la Vallière et de Montespan, placées dans le même carrosse que la reine, suivent leur amant dans ses campagnes. Les jeunes courtisans imitent ce libertinage ; et Bussy-Rabutin célèbre leurs furieuses orgies. On retrouve, sous ce règne, la même vénalité de toutes les magistratures. Le désordre des finances est moins scandaleux ; mais le grand Colbert lui-même consent à s’enrichir par des