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livre i, chap. i.

rêté le voyage de nos aïeux, et nous voudrons pousser notre route au delà de leurs tombeaux.

S’il en est ainsi, je demande sous quelle forme de gouvernement nous vivons. Le clergé, la noblesse, les parlements, les corps de magistrature, les États de province, ont perdu leur puissance politique ou ont cessé d’être. Qu’a-t-on mis en leur place ? un corps électoral de deux cent vingt mille Français, deux Chambres qui comprennent sept cents personnes, un jury appliqué aux causes criminelles et aux délits politiques, des assemblées communales et des conseils généraux de départements, fondés sur le système électif, mais extrêmement bornés dans leurs attributions et ne se pouvant réunir, les unes que quarante jours, les autres que dix jours par année. Nos institutions représentatives suffisent dans l’ordre politique ; mais dans l’ordre social, civil, administratif, elles manquent de développements. Je ne les vois pas se prolonger en tout sens par une organisation compliquée ; elles ne poussent point d’assez nombreuses ramifications. Notre constitution ressemble à un tronc robuste, dégarni de branches, qui n’a pas encore fleuri ou qui a été frappé de la foudre. Nos mœurs ne sont ni celles de l’état monarchique, ni de l’état populaire. La liberté don chacun prononce le nom et croit éprouver la