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ronne. Son premier acte est d’adhérer au traité de la Sainte-Alliance. Bientôt les lois sur les communautés religieuses, sur le sacrilège, l’indemnité des émigrés, le droit d’ainesse, manifestent la grande œuvre qu’il a entreprise ; celle de placer à côté de la Charte, et à l’aide de la Charte, une série d’institutions qui en dénaturent l’esprit et en contrarient le développement.

Peu de temps après, la garde nationale est licenciée, et la presse subit la censure, comme s’il suffisait d’ôter leurs armes aux citoyens, et le droit d’écrire aux journalistes, pour faire disparaître les hommes et les idées.

On pousse l’aveuglement jusqu’à dissoudre la Chambre élective, au plus fort du mécontentement. M. de Villèle avait encore deux ans devant lui ; l’assemblée septennale n’avait fourni que les cinq premières années de sa carrière, il aurait pu employer ce temps à calmer l’opinion ; mais il est si plein de l’admirable effet de ses lois monarchiques, qu’il ne doute pas qu’elles n’aient déjà changé les mœurs.

On dirait que, dans la marche de la couronne, tout était calculé pour donner plus de force au mouvement qu’elle avait à combattre. Elle ne souffre le ministère Martignac que pendant l’espace d’une année, à peu près le temps nécessaire pour faire luire un éclair du vrai système constitutionnel ; elle revient brusquement sur ses pas et profite du moment où l’esprit de liberté se réveille pour placer, à la tête de son conseil, le prince de Polignac. Si Charles X se fût prêté serment à lui-même de se détrôner dans le plus court délai possible, rien n’aurait pu être plus habilement concerté à cet effet. Il y avait une profonde intelligence dans la liaison des mesures qui accéléraient sa ruine. À peine le cabinet Polignac est-il installé, qu’une ovation est