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faute de pouvoir enlever l’élection directe aux classes moyennes, on trouve moyen de favoriser la grande propriété, en la faisant voter deux fois, d’abord toute seule pour élire 258 députés, ensuite avec les autres électeurs pour en nommer 172.

La presse est tour à tour libre et enchaînée, de sorte que sa servitude momentanée redouble sa puissance au moment où elle y échappe. Ses délits, jugés pendant sept ans par le jury, vont devant les tribunaux qui peuvent supprimer tout journal dont la tendance leur paraît coupable. Cette dernière disposition signale l’entrée de M. de Villèle aux affaires.

Au congrès de Vérone, le cabinet français cherche à se soustraire à l’action de la Sainte-Alliance ; mais M. de Villèle ne veut mettre cette liberté que dans les apparences ; il joue au fin avec l’opinion. Il consent à faire la guerre à l’Espagne en faveur de la monarchie absolue, mais à la condition de ne pas sembler la faire au nom des cours du nord. Le gouvernement français s’écarte encore, dans cette occasion, de la ligne que suivait l’Angleterre opposée à l’intervention. L’esprit de la Sainte-Alliance continue à souffler sur le cabinet, et, en voulant se montrer libre de déférer ou non aux vœux des cours du nord, il montrera mieux par là, en y déférant, qu’il suit sa propre inclination.

C’en est fait, le gouvernement absolu est restauré à Madrid, et la confiance que cette victoire inspire au ministère français l’échauffe dans son espérance d’assurer une prépondérance de plus en plus grande au principe monarchique.

C’est à cette époque que M. de Villèle introduit un grand changement dans la constitution de l’État. Les trois pouvoirs modifient de concert l’article 37