Page:Alletz - De la démocratie nouvelle, ou des mœurs et de la puissance des classes moyennes en France - tome I.djvu/11

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Mais cette heureuse inspiration ne tiendra pas : M. de Talleyrand au ministère, c’est l’alliance avec l’Angleterre, celle qui est la plus conforme à l’esprit de nos institutions ; la Russie l’emportera, et son influence, si contraire à la réalisation sérieuse et progressive des promesses contenues dans la Charte, dominera la politique intérieure et extérieure du pays, jusqu’à la chute de la monarchie.

Le prince de Talleyrand fait place au duc de Richelieu.

Cependant l’orgueil national est blessé dans les circonstances les plus minimes ; on efface les noms qui rappelaient nos victoires sur les monuments publics : le peuple, qui croyait les avoir écrits avec son sang, s’indigne de cette complaisance pour l’étranger.

Le maréchal Ney est condamné, et cette famille de victoires qu’il laissait après lui, comme une immortelle postérité, fait durer son deuil aux yeux de la nation.

Louis XVIII, s’appuyant sur l’article 14 de la Charte, lève, en l’absence des Chambres, qui pourraient seules autoriser l’impôt, une contribution extraordinaire de cent millions : fatal exemple qui ne sera pas perdu par Charles X, et qui le perdra. Le roi blesse le sentiment de l’égalité dans l’armée en formant une garde royale, et celui de l’émulation en instituant les gardes du corps.

Au mépris des principes du gouvernement constitutionnel, qui veulent que les traités soient ratifiés par les Chambres, et du noble exemple que lui avait donné le roi d’Angleterre, il signe le traité de la Sainte-Alliance, qui décide, entre les rois seuls, du sort des peuples.

Après avoir suivi, pendant trois ans, un système électoral en harmonie avec la Charte, on rétrograde, et,