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de la démocratie nouvelle.

la divine et de la terrestre. Cela s’est vu aux grands jours des Bossuet et des Fénelon, sous le soleil de Louis XIV.

Mais que dire d’un siècle où sa puissance souffre de partout, non moins du côté de la terre que du côté du ciel ? Telle est la position actuelle du clergé français. Un gouvernement qui avait perdu l’affection de ses sujets s’était cherché des amis dans le ciel ; à mesure que les cœurs se retiraient de lui, il embrassait mieux l’autel. Les apôtres qui le consolaient de son isolement semblaient, de leur côté, s’appuyer au trône. C’était comme s’ils eussent douté de la vertu divine et enseigné aux peuples à se défier de la stabilité éternelle. Leur sainte autorité sur les ames s’en allait à l’envi avec la puissance de la royauté. Mais plus cette fuite était rapide, plus ils enfonçaient leur croix dans ce sable mouvant où les principautés de ce monde ont leurs racines ; et le clergé et le prince, unis dans le désert, s’entêtaient à se tenir lieu de sujets et de fidèles.

Cependant, ne soyons pas injustes : fouillons la terre ; elle renferme les ossements des prêtres égorgés au nom de la liberté. Interrogeons la fin du dernier siècle : les temples sont fermés, la religion proscrite, l’autel et le sacrificateur ensevelis : il n’y a plus que le silence qui soit dieu.

Les choses étaient poussées à ce point sous les