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des barricades au bagne

me seraient adressés et qui, au fur et à mesure de leur arrivée, devaient pénétrer dans le château, toutes mesures ayant été prises à cet effet ; car, ainsi que je l’indiquai à mon interlocuteur, cette opération se pourrait faire sans trop de difficulté, la porte de la rue des Réservoirs pouvant être facilement occupée par les nôtres.

L’essentiel, c’était que les colonnes, éclairées intelligemment, pussent franchir la distance qui sépare Paris de Versailles et que la fusillade m’annonçât leur arrivée. Le reste me regardait.

Je pris congé de Billioray après qu’il m’eût promis son plus dévoué concours et m’en fus retrouver mon camarade James. Nous vîmes ensemble le président de notre organisation qui, à la suite de nos explications, approuva nos revendications, et nous autorisa à présenter notre nouveau tarif.

Revenus à Versailles, James et moi rendîmes compte à nos camarades de notre mission ; puis, nous vîmes MM. Wittersheim et Barbey pour leur exposer la situation. Après un examen loyal, le premier s’en fut trouver les questeurs de l’Assemblée et, de leur délibération, ressortit la légitimité des augmentations réclamées par les ouvriers de l’Officiel.

Les intérêts du travail se trouvaient ainsi marcher de pair avec l’action révolutionnaire.

J’étais donc enchanté de ce dernier voyage ; il m’avait paru que Billioray s’était rallié à mon entreprise, malgré toutes les difficultés qu’elle présentait, difficultés que trois jours de présence à Versailles avaient déjà sensiblement diminuées et que nos intelligences, au cœur même de la place, pouvaient, l’audace aidant, donner l’espoir de vaincre, à la condition qu’on se hâtât à Paris.

En compagnie de deux amis, le 24 mars au matin, je venais de quitter mon domicile, 10, rue des Tourelles, quand, arrivés sur la grand’place, nous vîmes les musiques régimentaires se diriger vers la porte de Viroflay. Intrigués, nous suivîmes les musiciens et nous ne tardâmes pas à voir, se dirigeant vers la ville, une colonne de soldats en tête de laquelle chevauchait un colonel.

A mon grand étonnement, et grâce à sa haute taille, je reconnus le colonel Périer, celui-là même dont e m’étais emparé dans la nuit du 18 au 19 mars et que le