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des barricades au bagne

Demphel ? Mais si Fournier avait pu agir, il l’eût fait sans coup férir. Cependant, le coup part du Four-à-Chaux ?… Oui, ma mésaventure me vient de Fournier…

Et je monologuais ainsi quand la porte de ma prison s’ouvrit, et le môme surveillant qui m’était venu prendre dans la case m’intima l’ordre de me lever et de le suivre.

Cinq minutes après, je comparaissais devant le surveillant Guinet, commandant le camp des transportés de la Pointe-Sud.

— C’est vous le 4.486 ?

— Oui, chef.

— Eh bien, vous en faites du propre ! Comment, vous engagez vos camarades à se révolter aux cris de : « A bas Mac-Mahon ! Vive la Commune ! »

— ? ! ?

— Vous m’avez entendu ?

— Oui, chef ; mais, vraiment, je ne sais ce que cela veut dire.

— Vous prétendriez démentir le rapport de M. le surveillant Fournier ?

— Ah ! c’est M. Fournier qui m’accuse ; mais, en ce cas, il est facile de connaître la vérité, il suffît de faire appeler devant vous le surveillant chargé de conduire la corvée au Four-à-Chaux. M. Hazemann ne me quitte pas des yeux de toute la journée, suivant en cela les ordres à lui donnés par M. Fournier ; nul n’est mieux placé pour tirer la chose au clair.

Le chef parut hésiter : Fournier avait deux galons et commandait un détachement ; Hazemann n’en avait qu’un et était considéré comme un « bleu » par Guinet. Fort heureusement pour moi, car à ce moment ma tête était en jeu, mon ami Vinot, ex-colonel commandant le Champ-de-Mars pendant la Commune et écrivain du chef Guinet, s’était rendu auprès de ce dernier. Il intervint et dit :

— Voulez-vous, chef, que j’aille chercher ce surveillant ?

— Allez ! dit Guinet ; puis, se tournant vers moi ; « Si vous avez fait ce dont vous accuse M. Fournier, votre affaire est réglée d’avance. »