du sieur Fournier, qui, ayant entendu les diverses exclamations poussées pendant la manœuvre que je viens de relater, avait quitté son piano et était venu assister à ce spectacle quelque peu émouvant, car notre ami risquait de se blesser, voire même d’être écrasé par cette masse énorme de pierre.
Fournier entendit donc mes paroles admiralives et, sans mol dire, il rentra chez lui pour rédiger contre moi un rapport qui pouvait simplement me faire guillotiner.
Sans avoir l’étoffe d’un Laubardemont, ce chiourme n’en possédait pas moins de véritables aptitudes pour devenir un coquin célèbre.
L’heure du retour à la Pointe-Sud étant venue, le surveillant Hazemann — récemment débarqué à l’Ile Nou — rassembla la corvée et donna l’ordre du départ, non sans avoir pris des mains de son collègue Fournier le pli renfermant le rapport que, chaque jour, ce dernier devait adresser à son supérieur, le surveillant chef de camp, Guinet.
Les deux surveillants se saluèrent, et nous nous mîmes en route, sans que le moindre indice pût m’indiquer que quelque chose d’anormal se préparait contre moi.
J’étais dans ma case, me préparant à absorber la maigre pitance qui nous était distribuée, lorsque, entrant brusquement, un surveillant cria mon numéro.
— Voilà, dis-je, que me voulez-vous ?
— C’est vous Allemane, n° 4.486 ?
— C’est bien moi ; qu’y a-t-il ?
— H y a que vous allez me suivre au blockhaus.
Et il me mit les menottes, pendant que les autres condamnés demeuraient abasourdis, se demandant ce que cela voulait dire.
Une fois étendu sur le lit de camp du blockhaus, je me mis à examiner mes faits et gestes des derniers jours pour savoir si quelque imprudence de langage ou tout autre motif ne me fournirait pas l’explication de ce nouvel avatar. Je songeai à l’affaire du cotre, à celle de Demphel ; mais, s’il s’agissait de cette tentative d évasion, je ne serais pas le seul à être compromis, et j’éloignai de mon esprit cette hypothèse. Pour l’incident
