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mémoires d’un communard

devant chez lui, Bérézowsky refusa d’ouvrir sa porte et menaça le vieux Ménier de sa hache. Le catholique se révélait chez le tyrannicide.

Quelque temps après, Bérézowsky demandait à quitter son gourbi et à rentrer au Pénitencier. Il fut, à partir de ce jour, employé à la boulangerie comme fendeur de bois.

Actuellement, si la mort ne l’a saisi comme tant d’autres qui furent mêlés à ces événements, il doit être gardien d’un phare placé sur un des rochers calédoniens. Ce forçat est devenu un modeste fonctionnaire de la République.

Si Bérézowsky était plutôt triste, en revanche, le citoyen Lisbonne était demeuré l’endiablé boute-en-train que j’avais connu, soit au combat, soit ailleurs. Il était chargé, à la Ferme-Nord, de rappeler les condamnés se trouvant au travail, ce qu’il faisait en soufflant dans une corne en terre en une attitude théâtrale qui déridait même les plus mélancoliques. Les surveillants et mesdames leurs épouses s’en réjouissaient fort.

Parmi les condamnés, il s’en trouvait dont les fonctions facilitaient le va-et-vient dans le Pénitencier. C’est ainsi, par exemple, que, très souvent, je voyais le citoyen Louis Lucipia, attaché à l’hôpital du Marais, aller chercher des vivres ou apporter à l’infirmerie, où se trouvait employé Gaston Dacosta, certains médicaments. A la hâte, une poignée de mains s’échangeait, quelques nouvelles — recueillies comme on pouvait — se communiquaient de l’un à l’autre. Doré, Ménier et Mirault, un communard attaché au jardin du Marais, pouvaient parfois venir me dire bonjour, et ces courts moments nous aidaient à supporter notre vie si misérable.

Quelques forçats de droit commun allaient et venaient également sur la route qui conduisait du Pénitencier à l’hôpital du Marais, et l’un d’eux, redouté pour sa force physique et ses ivresses féroces, était de ce nombre. Ses compagnons lui avaient donné pour sobriquet le nom du chef des chiourmes, prétendant que les deux physiques et les allures du forçat et du surveillant-principal avaient des points de ressemblance très marqués.

Le vrai nom de ce nouveau Nutzbaum était celui de