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mémoires d’un communard

la garde du surveillant de service et de deux correcteurs. De là, ils se rendirent auprès du sieur Nutzbaum le chef des surveillants de l’île Nou.

Peu d’instants s’étaient écoulés depuis leur départ que je les vis revenir en compagnie de Nutzbaum, tenant à la main un papier administratif.

— C’est vous, le 4.486, qui travailliez à l’imprimerie du gouvernement ? me demanda ce dernier.

— Oui, chef.

— C’est cela ; vol d’épreuves, communications illicites… Vous allez apprendre ce qu’il en coûte de tromper la confiance de la Direction et de conspirer avec les autres communards..

« Il paraît que, malgré toutes les preuves de culpabilité, vous refusez d’avouer votre vol et vos manigances ? On va vous aider à retrouver la mémoire : nous avons ici ce qu’il faut pour cela.

« Correcteurs, donnez au condamné des effets de prison et mettez-le à la barre de justice. Je verrai ensuite quelles mesures nouvelles il faudra prendre à son égard. »

Et Nutzbaum partit en me lançant un regard féroce. Les deux surveillants le suivirent, après qu’ils m’eurent enlevé les menottes leur appartenant.

Je dus me déshabiller complètement ; les correcteurs me jetèrent un bourgeron tout troué et un pantalon de toile dans le même état. Ayant revêtu ces effets, les correcteurs me firent entrer dans une cellule et m’emprisonnèrent les pieds dans une double boucle.

Ces deux individus devaient, à tour de rôle, devenir bourreaux. L’un était Mayer, dont j’ai déjà parlé au moment où je partais pour Montravel, l’autre s’appelait Massé. C’étaient de sinistres coquins. Une fois mes pieds passés dans les anneaux de lu lourde barre de 1er, ces misérables se retirèrent.

— Diens, le gommunard, te foilà à don aise ! m’avait lancé Mayer.

Je crus bon de ne rien répondre à cette brute qui, non content de se faire le lâche instrument de ses propres geôliers, s’efforçait d’ajouter à ses platitudes le poids de ses sarcasmes. Il était, du reste, à remarquer que pas un de ces misérables collaborateurs de la