— Mais, interrompis-je, il y a aussi la question d’argent…
— Nous pourrons toujours, n’est-ce pas, M…, avancer de quoi couvrir les frais de route ? interrompit Mac-Dermott.
— Oui, oui, répondit M…, mais il faut se méfier de ce grand diable roux, mon cher Mac-Dermott ; vous ne savez pas qu’il a déjà enlevé trois ou quatre condamnés, et aucun n’adonné de ses nouvelles. Qu’en a-t-il fait ? Ont-ils gagné l’Australie ou les a-t-il jetés à la nier ?
— Peu importe ! dis-je, il faut continuer les pourparlers ; s’il consent à me recevoir, quoique me sachant pauvre, il ne saurait espérer être payé de ses risques et peines que, lorsque devenu libre, il me sera permis de gagner ou d’emprunter quelque argent.
— Voyons, reprit Mac-Dermott, peut-être le meilleur moyen de connaître sa pensée serait-il de lui proposer non seulement d’enlever un condamné de la Commune, mais d’en en lever deux ? A deux, on se peut garder : pendant que l’un dort, l’autre veille ; or, si ses intentions ne sont pas criminelles, il y consentira et, dans ce cas, nous proposerions à Berlin de se joindre à Allemane…
— C’est cela, dis-je, très satisfait de la proposition et convaincu que Berlin ne refuserait pas une telle proposition.
— Eh bien ! ce soir même, j’irai le trouver, conclut Mac-Dermott.
— Et moi, dis-je, je pressentirai mon ami Berlin, afin qu’il n’y ait pas d’hésitation au moment d’agir.
Le restant de la journée s’écoula sans qu’aucun de nous reparlât de l’aventure à tenter. Le soir, après que nous eûmes pris notre modeste repas, je fis comprendre à Berlin que j’avais à lui communiquer quelque chose de très important. Nous fîmes quelques pas devant les cases et, une fois isolés, je lui demandai si, une occasion s’offrant de gagner l’Australie, il hésiterait à en profiter ?
— Ça dépend des conditions, me dit-il ; car je ne suis pas comme toi, condamné à vie, et je ne tenterai de m’évader que si j’ai réellement de sérieuses chances de réussite.
