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avant-propos

D’importants documents et témoignages furent bientôt réunis, car, à ce moment, les condamnés de la Commune étaient encore nombreux et l’on pouvait assez facilement contrôler l’authenticité des faits.

Mais, à notre grand regret, tout ce premier travail devint inutile : mis en état d’arrestation, à la suite du meeting anarchiste de l’esplanade des Invalides, et malgré que nous y fussions demeuré étranger, tous nos papiers nous turent enlevés et dispersés de par la volonté d’un juge d’instruction chez lequel la haine des Républicains et des Socialistes allait de pair avec la sottise.

Jamais régime ploutocratique ne posséda pareil échantillon d’hypocrite méchanceté, de morgue et de crétinisme invétérés.

Grâce à ce « bon et intelligent magistrat », il en fut fait de nos notes, et notre livre demeura en souffrance.

Nous le remettons aujourd’hui sur le métier.

Faisant appel à notre mémoire qui, nous l’espérons, nous demeurera fidèle, nous allons tenter de faire revivre ce passé de luttes et de souffrances : les trop courts instants de bel enthousiasme et, aussi, les heures angoissantes de la défaite, des répressions impitoyables.

Nous dirons les crimes des gouvernants de 1870-71, des hommes néfastes qui, par peur de la démocratie qui les avait hissés au pouvoir, la livrèrent à ses ennemis les plus implacables et firent se ruer sur une population, qui si longtemps leur avait accordé confiance, les soudards sanguinaires qu’une suite ininterrompue de défaites avait rendus littéralement enragés, non contre leurs vainqueurs, mais contre leurs compatriotes républicains, ces pelés, ces galeux d’où venait tout le mal.

Le Paris laborieux était surtout, pour ces parasites à panache, l’objet d’une aversion spéciale, et