qu’un vous reconnût et vous dénonçât, vous pourriez supposer que je n’y suis pas étranger. En tout cas, de nombreux condamnés de la Commune passeront par la Roquette, et je vous conseille d’être prudent.
— Oh ! me dit-il, je suis sûr de vous ; quant aux autres, je n’ai aucune raison pour leur faire des confidences ; du reste, je ne vais pas tarder à être expédié en province.
Et l’homme qui avait commandé le peloton de soldats qui avait fusillé le général Lecomte, s’éloigna et alla se perdre au milieu des condamnés qui, à ce moment, se promenaient dans la vaste cour de la prison.
J’étais en possession d’un secret terrible et je songeais à la joie qu’éprouveraient les vainqueurs de Paris s’ils pouvaient mettre la main sur Langelle, le fusilleur du général Lecomte.
Plus tard, au bagne, quelques-uns des citoyens condamnés pour l’exécution des généraux Lecomte et Clément-Thomas achevèrent de me donner des détails sur l’ex-sergent du 88e.
Langelle avait voué une haine mortelle au général Lecomte depuis que ce dernier avait fait fusiller un de ses amis.
D’autre part, Lecomte était détesté de ses soldats, s’étant montré très dur à leur égard pendant la campagne contre la Prusse.
Quant à Langelle, engagé pour la durée de la guerre, il était, paraît-il, peu recommandable. Il possédait un cynisme extraordinaire. Après que le général Lecomte fut tombé sous les coups de fusil de ses propres soldats, Langelle se rendit auprès de la famille du général pour lui remettre les épaulettes et la montre de ce dernier. La veuve et le fils de Lecomte le remercièrent chaleureusement et, en souvenir de sa bonne action, lui offrirent la montre de son ancien chef.
Je ne saurais, cependant, garantir l’authenticité de l’anecdote, mais les membres de la famille du général pourraient utilement témoigner sur son exactitude.
Qu’est devenu l’ex-sergent Langelle ? Au fond, cela importe peu ; le seul intérêt qui s’attache à cette individualité c’est qu’elle sert à établir ce point d’histoire : général Lecomte fut fusillé, le 18 mars 1871, non par
