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AVANT-PROPOS

Un très long temps s’est écoulé depuis l’heure tragique où se produisirent les événements auxquels nous fumes mêlé et que nous allons décrire en toute sincérité.

La plupart des témoins du grand drame que fut la Commune, et qui purent échapper à la mort pendant et après cette longue lutte, sont allés retrouver dans l’éternel repos les compagnons de combat qui succombèrent les armes à la main ou qu’abattirent, la bataille finie, les mitrailleuses et les chassepots, faisant une fois de plus merveille, à la grande joie des protecteurs de la Famille, de la Propriété et de la Religion.

Dès notre retour du bagne (avril 1880), des amis nous engagèrent à écrire ce que nous avions vu et souffert, non dans le but mesquin d’une réclame personnelle, mais pour faire connaître à la génération nouvelle ce que la haine politique, l’égoïsme étroit des classes privilégiées peuvent enfanter de monstruosités et, dans un autre ordre d’idées — mais c’était là, nous l’avouons loyalement, le côté vraiment délicat — les erreurs, les fautes commises par les défenseurs de la Commune, afin que, les circonstances nous plaçant en présence des mêmes difficultés, on ne vît pas se renouveler les mêmes erreurs.

Nous rendant à cès raisons, nous nous mîmes à la besogne.