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mémoires d’un communard

du mariage religieux de M. le comte Luçay de Rochefort qui, par cet acte fort honorable, avait rompu toute solidarité avec les brigands « qui avaient incendié, volé, assassiné durant deux longs mois dans Paris !… »

Ces dithyrambes, en l’honneur du « Tombeur de l’Empire », assaisonnés d’injures contre les communards, occasionnaient quelques interruptions tapageuses et, afin d’y mettre un terme, on permit aux protestataires de ne plus assister aux offices. A l’heure de la messe, on appelait les « protestants » et on nous enfermait dans une vaste pièce, où nous causions en toute liberté.

C’était également cet abbé Follet qui accompagnait les condamnés à mort au poteau de Satory, et il rageait de ce que ces hommes se moquaient autant du trépas que des secours de la religion.

Un jour que deux de nos camarades, les citoyens Beaudoin et Roulhac, allaient d’eux-mêmes se placer contre le poteau à eux destiné, l’abbé s’en vint à Beaudoin et l’invita à baiser un Christ qu’il tenait à la main. Impatienté, Beaudoin saisit l’abbé à bras le corps et, le serrant avec force, se mit à crier aux soldats qui le devaient fusiller.

— Feu ! nom de Dieu !… Feu !… mais tirez donc !…

L’abbé était fou de peur. On se précipita pour le délivrer de l’étreinte de Beaudoin, qui menaçait de l’étouffer.

Ajoutons que, durant ce temps, son compagnon d’exécution, le citoyen Roulhac, entraîné par l’exemple, s’était rué sur un gendarme, qu’il malmenait ferme.

On voit que si l’abbé Follet avait quelque considération pour M. Rochefort, se mariant religieusement, il ne manquait pas de raisons plausibles pour expliquer sa haine contre les combattants de la Commune.

A partir de l’incident relaté plus haut, les fusilleurs prirent leurs précautions : leurs victimes furent menées au poteau les poignets solidement attachés, ce qui permit de les abattre, désormais, en toute tranquillité et à l’abbé Follet, de n’avoir plus à subir d’intempestives et dangereuses pressions.

Mais il me faut relater très brièvement de nombreux