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SUR TALONS ROUGES

deurs étouffantes, effondrantes du néant… Ce mot ! Courage ! La connaissance ne se livre pas aux lâches ! Il ouvre les yeux tout grands !…

— Rien !

Et la couverture lourdement, se rabat sur le volume.

— Il faut en trois jours posséder les mains du saltimbanque… Ces mains me donneront le bonheur ! Ces mains s’empareront de celle que j’aime pour ensuite me l’offrir. Seules, ces mains sauront vaincre ! Ces mains fortes et séductrices ! Il faut que j’aie ces mains pour avoir Waltrude.

Dans cet accès de passion et de colère, dans tout ce désordre affreux qu’occasionne un amour de possession et de folie, il peut encore se souvenir d’une formule secrète.

Il met sur ses yeux une grande paire de lunettes dont le verre jette des lueurs violettes. Il pousse du pied une bûche dans l’âtre. Il tend les mains vers les flammes crépitantes et scande hiératiquement les paroles magiques.

— Bischofswerder, Maître des Perfectibilistes, Maître des Illuminés de Bavière, disciple de Paracelse et Maître des Sciences occultes… Ô mon Maître ! Illumine-moi.

Walther aussitôt prend une attitude d’émerveillement et réussit à s’abstraire de la vie courante, de tout ce qui l’environne. Le silence est sinistrement sépulcral, et pendant ce silence il entend, il voit son Maître…