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SUR TALONS ROUGES

— … Suis… très pressé… en retard… une course à faire.

Baisant la main tendue, il murmura :

— Au revoir… Merci encore.

Il rampa le long des tapisseries de la salle et s’estompa timidement.

Le Chevalier van Bau était toujours là. Il fit quelques pas vers son hôtesse.

— J’ai un mot à vous dire.

Le ton était cassant. Elle comprit que c’était sérieux. Le masque des souriantes amabilités tomba de son visage.

— Dépêchez-vous, Walther, dites vite, car j’ai juste le temps de passer une robe avant de me rendre au dîner des Heisserkuss.

— Waltrude !

Il pressa son bras nerveusement.

— Vous me faites mal, interrompit-elle en se dégageant.

— Waltrude, quand m’épouserez-vous ?

Elle prit un air détaché et badin.

— Ma foi, je n’ai pas encore réfléchi.

— Ne m’exaspérez pas, Waltrude. Vous jouez à un jeu dangereux ! Votre coquetterie m’irrite. Voilà trois ans que vous êtes veuve. Vous n’allez pas vivre toujours ainsi, sans liens, sans intérêts dans la vie. Vous n’avez plus l’excuse de votre deuil ni des commentaires de vos amies charitables.

La Baronne Minnengenuss sembla réfléchir.