Puis un nuage de doute passa sur son front.
— Mattacchione, donnez-moi une preuve !
Mattacchione tira de son sein le chapelet de la Comtesse.
— Des perles et des rubis !
L’Abbé Sarabande soupesa toutes ces richesses avec ses petits doigts blancs voluptueusement crochus.
— Cela doit valoir mille ducats…, au moins !
Il regardait les perles une à une. Son regard s’arrêta sur la croix de rubis ; il remarqua avec une émotion affectée les armoiries des Ducs de l’Ardenza et de l’Antignano. Puis il leva les yeux au ciel, marmotta quelques phrases en latin et se signa.
— Sur mon cœur, Mattacchione, venez sur mon cœur !
Mais Mattacchione ne bronchait pas.
— Voyons, que vous faut-il encore ? Vous avez l’air tout contrit. Vous devriez rayonner de joie, pour avoir su, enfin, venger le dernier affront. Qu’avez-vous donc ? Êtes-vous souffrant ? Votre mutisme m’angoisse.
Les musiciens jouaient un air triste. L’Abbé Sarabande prit une voix de fausset tendre et mielleuse.
— Que désirez-vous donc, mon enfant ?
Les chandelles aux flammes tremblotantes pleuraient des gouttes de cire. Mattacchione poussa un très profond soupir ; dans ses yeux brillaient deux larmes.
— Asolane !
Et il éclata en sanglots.