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L’ÉLÉGANTE VENGEANCE

chariot d’or conduit par un enfant blond aux ailes de Cupidon ; toutes les suivantes, déguisées en Junon, l’entouraient jalousement. Dès que le petit dieu vit la belle bellissime, il sauta de son chariot pour s’élancer dans ses bras. Elle le reçut avec tendresse.

— Viens sur mon cœur, mon fils, ô toi, la conclusion de mon amour !

Elle se sentit serrée dans un autre embrassement auquel, instinctivement, elle s’abandonna. Lisiade enlaçait, dans une commune étreinte sa femme et son enfant.

Mattacchione s’éloigna, mordant sa rage entre ses dents.

— Et cependant, il faut… il faut…

La soirée s’acheva sans gaîté, quoique le Comte de Venador s’efforçât de la rendre brillante par tous les fastes possibles.

Cette nuit, Mattacchione ne put dormir ; ses désirs de concupiscence et de vengeance l’exaspéraient. Il ouvrit la fenêtre. La campagne était grisante, et, par ses tiédeurs nocturnes, elle intensifiait tous les désirs. Dans l’air flottaient des parfums voilés de magnolia et de chèvrefeuille ; sur les espaliers en fleurs croulaient des géraniums en cascades roses et rouges ; autour des vieilles statues solitaires des jardins et des bocages s’enroulaient des glycines comme des amoureuses que veillaient les saules qui se prosternaient, aux attitudes