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L’ÉLÉGANTE VENGEANCE


Le dîner était fini. Il avait été très bon. À présent, il faisait chaud.

L’Abbé Sarabande souffrait un peu de vapeurs. Sa main rampait le long des boutons qui serraient sa petite soutane en forme de redingote. Puis, subitement, il n’en put plus, il dégrafa le haut de sa robe. Un jabot en point de Milan en jaillit, vaporeux et froufroutant. L’Abbé renversa la tête, leva la jambe, et, tout contre une coupe de spumante, sur la nappe blanche, appuya un ravissant talon rouge. Il fouilla ensuite dans sa poche… Sa main, blanchement soignée, tenait une jolie tabatière dont l’émail de Limoges illustrait le rite de la Circoncision. Il l’ouvrit, en retira une prise qu’il renifla pour agréablement chatouiller ses narines. Puis, d’un petit geste désinvolte, esquissé de l’annulaire sur lequel brillait une améthyste, il épousseta la dentelle de son jabot d’un air satisfait.

L’Abbé Sarabande regarda son pupille qui, ce soir, était d’humeur taciturne.