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LES FANTAISIES DE VESPASIEN

rues dire à Madame la Vicomtesse que M. le Vicomte est ici.

— Il arrive à l’instant. Il est dans l’escalier. Il monte.

La Vicomtesse avait déjà repris tout son calme habituel.

— Eh bien ! qu’il soit le bienvenu. Faites entrer tout de suite. Je l’attends avec impatience.

Les deux servantes écarquillaient des grands yeux surpris. Que s’était-il passé ?

Le Vicomte parut dans l’embrasure de la porte.

Elle se jeta dans ses bras et l’embrassa avec effusion.

— Vous me voyez bien heureuse ! C’est votre retour qui en est cause. Resterez-vous à présent pour toujours auprès de moi ? Un espoir si charmant me serait-il permis ?

— Le langage de Racine dans votre bouche me semble plus suave encore, fit le Vicomte. Non, très chère, je dois repartir. La guerre n’est pas finie. Si je suis venu, c’est parce que je ne pouvais si longtemps demeurer sans vous présenter mes hommages et vous étreindre de mon amour. Mais je ne vous importunerai pas longtemps de ma présence, puisqu’une mission auprès du Régent m’envoie en ces lieux, et que demain il me faudra regagner le champ de bataille.

La Vicomtesse baissa le front avec un air soumis.

Délicieusement coquette, elle dit à Vespasien.

— Notre maître est bien méchant, n’est-ce pas ? Il