Page:Allatini - Sur talons rouges, contes, 1929.djvu/46

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
28
SUR TALONS ROUGES

vif. Il bondit sur les épaules du Duc et laboura son ondoyante perruque. La Vicomtesse eut grande envie de rire, mais se contint en tançant Vespasien d’une voix forte. Le Duc outré ne se tint plus :

— Ordonnez, Madame, qu’on me délivre de cet animal offensant ou je le tue sur l’heure.

Ce ton péremptoire interloqua la Vicomtesse qui se trouva clouée sur place et à court de paroles.

Et Vespasien griffa le Duc à nu dans le dos, après avoir lacéré habit, gilet et chemise. Puis, fou de rage il bondit sur sa tête et volontairement eut un oubli lancinant qui gicla sur son nez et vint ensuite éclabousser son jabot.

Le Duc était hors de lui. Il leva le bras et attrapa Vespasien par la queue. Celui-ci se retourna prestement, le mordit si violemment que le Duc lâcha prise, et le voilà se réfugiant derrière la coiffure aux boucles folles de sa maîtresse qui ne se contenait plus de rire.

— Ah ! vous riez, Madame, cria le Duc pourpre de colère. Je vois, je suis de trop. Je me fais l’effet grotesque de l’amant surpris par le mari. Je ne veux plus longtemps vous infliger ce spectacle ridicule. Adieu.

Et sans la moindre révérence, il ouvrit une porte secrète et disparut.

La Vicomtesse encore harassée de rire, couvrait Vespasien de tendres baisers.

Dorine et Martine entrèrent en coup de vent.

— Madame la Vicomtesse, nous sommes vite accou-