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LES FANTAISIES DE VESPASIEN

petit corps si vibrant et si chétif ! Il grinça des dents et poussa un cri qui fit sursauter et redresser le Duc et la Vicomtesse. Instinctivement ils rajustèrent leurs toilettes. Le Duc tira le bas de son gilet et vérifia les bouffants de sa culotte. La Vicomtesse fit choir les plis raides de ses jupes et rafraîchit ses paniers enguirlandés de fleurs. Elle mit aussi une main à sa coiffure pour vérifier la solidité de son petit bonnet. Tout cela ne dura qu’une demi-seconde. Le temps d’une parabole, le saut de Vespasien de la porte au lit de repos.

— Vespasien !

Et la Vicomtesse ne se contint plus. Elle oublia le Duc de Lavoyeur et couvrit son petit mignon de baisers en vocalises légères comme le chant du rossignol.

— Mon petit amour !

Elle le serra tendrement sur son cœur, tandis qu’il nouait ses bras autour du cou de sa joyeuse maîtresse. Il la regarda dans le blanc des yeux, avec des prunelles ardentes, un peu trop ardentes. Ses petites mains soignées caressèrent les épaules rondes et soyeuses de la Vicomtesse et lorsque ses doigts eurent longuement frôlé sa peau blanche au grain divin, si divin qu’il sentit ses vertèbres en frissonner, il rit de plaisir, de ce rire spécial qui décèle le comble de son transport.

Ce spectacle, évidemment, sembla déplaire au Duc de Lavoyeur qui s’écarta, dépité. Ses beaux souliers vernis craquèrent sur le plancher. Ce bruit fit retourner Vespasien. Sa jalousie, un instant oubliée, le remordit au