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LES FANTAISIES DE VESPASIEN

le boudoir voisin, ne puisse les entendre. Et voilà Vespasien recouvert de dentelles, de brocarts, de soie de Chine et de velours de Gênes. On l’affuble d’un petit tricorne où flottent des plumes d’autruche, on lui soigne les ongles avec le polissoir et de la pommade ocre, on lui passe les houppes légères sur le visage pour y mettre un peu de poudre blanche, un peu de poudre rose. Leurs doigts agiles ajustent les plis de son précieux accoutrement et éclaboussent quelques gouttes d’un parfum subtil sur son gilet mousseux.

— Le salut, Vespasien !

Et Vespasien tire son tricorne avec élégance et s’incline comme un prince du sang.

Dorine et Martine sont deux braves et honnêtes filles. Mais parce qu’elles sont servantes, elles sont curieuses et indiscrètes : elles écoutent aux portes.

Et qu’entendent-elles ?

Une voix d’homme dit :

— Vous me faites souffrir, cruelle.

Puis quelques froissements précipités de soie et de taffetas.

— Mon cher Lavoyeur, vos empressements par trop familiers, dictés par de prétentieuses licences m’insupportent. Vous dites que je vous fais souffrir. Mais d’autre part, je ne souffrirai point vos manières de bellâtre.