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SUR TALONS ROUGES

pleurent à la fenêtre de leur mansarde, trempant de larmes leurs petits tabliers et recommandant leur avenir à Dieu.

Oh ! qu’elle était mauvaise, la Vicomtesse ! Elle les a souffletées toute la journée, les traitant de gourgandines, de gredines et de gourdes. On aurait dit qu’on lui avait enlevé… ma foi, on n’en sait rien… Sa nervosité était telle qu’elle tombait en syncope, qu’elle avait des accès de rage de femelle en rut, qu’elle sanglotait comme elle ne pleurerait guère pour la perte de son mari…

Dorine et Martine pleurent, les yeux hagards.

Elles regardent hébétées les arbres du jardin qui se balancent mollement au gré de la brise. Mais une branche semble ployer plus que les autres.

— Dorine !

— Est-ce possible, Martine ?

Quelque chose qu’on ne distingue pas, vole prestement d’une branche sur la fenêtre.

— Vespasien !

Et les voilà qui embrassent avec effusion l’enfant prodigue, lui pardonnant tous ses méfaits d’autrefois, ainsi que son escapade qui les avait tant compromises.

Vespasien semble rire. Elles rient avec lui.

— Vite, habillons-le.

Elles l’emportent en le serrant tour à tour frénétiquement dans leurs bras. Elles volent dans l’escalier. Puis à pas de loup elles pénètrent dans le cabinet de toilette pour que leur maîtresse qui se désespère dans