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LES FANTAISIES DE VESPASIEN

par la conservation de l’individu que par le sacrifice de l’amour, crut plus prudent de faire la sourde oreille. Il agita ses quatre membres pour en vérifier l’agilité et se perdit dans les frondages épais des peupliers et des platanes.

Vespasien médite du haut d’un toit.

Après tout, il a assouvi ses désirs. Mais pour cela quelles privations et que de périlleuses aventures ! Il rêve à son existence de naguère, toute de confort et de gâteries. Il rêve aux seins blancs de la Vicomtesse et à ce cadre d’étoffes moelleuses, à toutes ces friandises alléchantes qui s’offraient à lui et qu’il savourait sans qu’il eût besoin de s’en soucier à l’avance. Il ne se nourrissait que de fruits fins et savoureux. Jamais il n’avait pu, jusqu’à ce jour, concevoir les abois de la faim, tout au plus les agaceries de l’appétit. Et puisque le voilà amoureusement assouvi, il ferait bon revenir au foyer.

Dorine et Martine pleurent à la fenêtre de leur mansarde.

La Vicomtesse est inflexible. Sa colère touche à l’hystérie et si ce soir, à la tombée du jour, Vespasien ne revient pas, elles quitteront l’hôtel sur l’heure. Mais où chercher ce mauvais garnement de sapajou ? Paris est si grand ! Et les voilà toutes découragées qui