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LES FANTAISIES DE VESPASIEN

Vespasien. Ce Pierrot est bon pour une nuit, mais non point pour deux. C’est un rêveur. Du diable si jamais il retrouvera son amour. Il est trop bête et moi qui suis plus malin, je ne le suivrai certes pas. Je risque fort de mourir le corps et le cœur à jeun.

Pierrot caressa sa petite tête velue.

C’était très doux et Vespasien s’endormit.

Ils eurent tous deux un sommeil très agité.

Pierrot rêva que Colombine accourait vers lui bourrelée de remords, qu’elle se pâmait d’amour et que solennellement, devant la lune, elle prêtait serment de fidélité éternelle à son amant éploré.

Vespasien rêva de forêts vierges, de gambades éperdues à la poursuite de mille petites pucelles de son espèce. C’était très drôle, car elles avaient toutes peur, mais peu à peu, elles se laissaient gagner et séduire par son charme irrésistible et devenaient autant de sages et soumises épouses.

Le fait est que Vespasien se réveilla au haut d’un arbre.

Et Pierrot ?… Toujours endormi sous les ponts ? Vespasien ne s’en souciait guère.

Les rumeurs de la ville montaient avec l’aurore.