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LES FANTAISIES DE VESPASIEN

une se fermèrent. Le silence et l’obscurité lui firent encore plus froid à l’épiderme.

— Et si j’attrapais froid… pensa-t-il tristement… Je mourrais de phtisie comme tous mes frères… Tout ça est bien triste…

Du haut du toit d’où il devisait, il crut voir, à quelques maisons près, de la lumière à une fenêtre. Il pensa y voler, car la lumière lui inspira de la chaleur. Qu’il fera bon se chauffer un peu.

Il arriva. Les vitres étaient fermées. Il regarda à l’intérieur.

Évidemment les gens étaient trop occupés pour songer à fermer les persiennes. Ce qu’ils étaient « affairés » ! Il n’y avait qu’un petit maître et une dame. Mais ils paraissaient travailler pour six. Au bout d’un moment ils s’affaissèrent. Vespasien dévorait des yeux, avec passion, tout ce spectacle. Il se recroquevillait sur lui-même pour ne rien perdre de ce qui se passait derrière la vitre close. La dame s’écarta un peu et leva les yeux vers la fenêtre. Il eut peur et pour éviter d’être vu il se colla, tremblant, tout contre l’embrasure. Le petit maître se leva, peut-être pour tirer les rideaux. Vespasien alors ne put retenir un cri dans sa frayeur et bondit dans le vide. Où allait-il tomber ? C’est effroyable lorsqu’il fait si noir dehors. Il tomba au beau milieu d’une cour, bien entendu sans se faire le moindre mal. Mais son petit cœur battait si fort. Que voulez-vous, l’émotion ! Deux chats noirs se lamentaient en tendres pleurs.