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LES FANTAISIES DE VESPASIEN

— Le tendre amour ! Il repose dans son berceau de fanfreluches vaporeuses. Il dort sur son matelas ouaté. Sa petite tête s’abandonne sur un oreiller d’Alençon et ses petites mains dépassent les couvertures roses et les draps de batiste. Je l’ai embrassé avant de me rendre au bal. Il était trop joli !

Le Duc esquissa un sourire attendri et porta à ses yeux un binocle subtilement ciselé, enjolivé d’émaux et de perles fines.

Les musiciens attaquèrent un menuet de Lulli, le Duc arrondit un peu le bras, la Vicomtesse y appuya sa main blanche et tous deux s’avancèrent vers la salle des danses.

Tandis qu’ils dansaient, le Régent, du haut de son trône, délectait son regard en suivant les attitudes coquettes de la Vicomtesse, mais la grâce un peu efféminée du Duc ne cessa point non plus de le charmer.

— Et Vespasien ?

— Je vous ai dit, très cher, qu’il se porte à merveille.

— Est-il gai ?

— Oui, mais sa gaîté est factice. Il souffre de l’ennui, comme sa maîtresse.

— Oh Vicomtesse !

— Mon Dieu, vous plaisantez sur toutes choses.

— En ce cas, daignez m’accorder votre pardon ; en retour recevez, avec mes supplications, mon hommage fidèle.

— Je vous en dispense, les excuses sont toujours