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LE SALUT DU MAL

— Dictez.

Et Doña Juana reprit :

— Je déclare léguer toute ma fortune mobilière, immobilière et usufruit au Couvent des Sept-Douleurs.

Don Perez semblait un peu hésitant.

— Allons, signez et datez.

Et comme il hésitait encore.

— Préférez-vous l’enfer ?

— Mais… Mais… j’ai des héritiers… deux neveux… Les fils de ma pauvre sœur défunte, la Comtesse de Palombitas.

Doña Juana prit alors une voix grondante.

— Disputez-vous l’amour de deux neveux à l’amour du Seigneur ?

Don Perez tremblait de tous ses membres.

— Allons… ne voyez-vous pas qu’en ce moment, par votre faute, Satan lutte avec Dieu.

Le Marquis, terrifié à cette idée, signa précipitamment.

Juana demanda :

— Qui est votre notaire ?

— Rodriguez de Ximènes.

Elle plia vivement le testament du Marquis, le cacheta et sonna un laquais.

— Apporte ceci au notaire Rodriguez de Ximènes. Dis-lui que c’est le testament du Marquis Perez de Llerena Loñogo.

Le laquais s’inclina et sortit.