LE SALUT DU MAL
récipitamment, encore toute serrée dans le fourreau
de sa mante, elle entra dans son oratoire, et
se jeta aux pieds d’un grand Christ en bois. L’oratoire
était sombre, tout en pierres sculptées que la patine du
temps avait rendues presque noires, et des fenêtres, en
ogives hautes et étroites, filtrait une faible lumière
tamisée par l’épaisseur des vitraux multicolores. Elle
embrassa convulsivement les pieds ensanglantés du
Seigneur. Le supplice de la Croix le tordait de douleur,
et sa douleur semblait plus insupportable encore
puisqu’il était du style gothique espagnol le plus tourmenté.
Et cette douleur ; si abominablement cruelle se
répandait dans toute l’atmosphère environnante, si
bien qu’elle se communiqua avec toute son acuité à
l’humble chrétienne sanglotante.
À travers ses sanglots, elle balbutia à l’infini des prières, des oraisons, des kyrielles de litanies latines avec une telle vitesse que ses phrases, lancées à jet continu vers le Ciel, ne se laissèrent plus ensuite entre-