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SPRINGFIELD

composait également d’une mante de dentelles. Elle entendit des pas derrière elle, se retourna et fut saisie d’une grande frayeur. Elle levait déjà les bras, écarquillait des yeux terrifiés, prête à pousser un cri déchirant.

— C’est moi, Ethel ! Surtout ne criez pas, souffla Marjorie en se jetant sur elle.

— Ah ! mon Dieu que j’ai eu peur, soupira Lady Briedington… J’ai cru que c’était le fantôme de Springfield.

Sa poitrine était bouleversée de halètements. Elle posa ses mains sur ses seins pour calmer son agitation.

— Ne criez pas, Ethel, tout serait perdu ! Tout est permis hors le scandale. Retournez vite dans votre chambre, vous êtes mon amie.

— Serez-vous toujours la mienne, demanda Lady Briedington, un peu craintive ?

— Toujours.

— Donnez-moi votre main.

Marjorie rencontra une petite main froide, toute tremblante encore.

— Vous n’êtes vraiment pas jalouse ?

— Je n’ai pas l’habitude de marcher sur les brisées de mes amies, répondit Marjorie en riant. Et puis, la nuit est noire, je ne vois rien, et vous non plus, j’espère.

— Moi non plus, non.

Elles s’embrassèrent et chacune reprit le chemin de son appartement officiel.