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SUR TALONS ROUGES

Elle se laissa glisser dans le lit. Lord Jamland rabattit les couvertures sur elle.

— J’ai confiance en vous, je sais que vous êtes un gentleman. M’aimez-vous, lui demanda-t-elle ?

Il hésita un instant.

— Vous êtes glacée ! Réchauffez-vous un peu, je vous répondrai ensuite.

Elle se réchauffa, il s’échauffa, et tout se passa le plus correctement du monde selon les us de la galante bienséance.

Au bout d’un temps indéterminé, elle sauta à bas du lit sans crier gare.

— À demain, dit-elle résolument.

Lord Jamland ne chercha même pas à la retenir.

— À demain, répondit-il avec amabilité, et surtout à plus tard. Ai-je besoin de vous faire connaître mes sentiments ? J’ose croire que vous les connaissez parfaitement. En tout cas, Marjorie, soyez certaine que ma gratitude est grande et qu’elle sera toujours, par les événements futurs, plus grande encore à votre égard.

— Merci, mon amour.

Et ceci fut dit d’une voix grave et prenante.

Elle se baissa pour ramasser sa mante de dentelles et sortit.

Dans le couloir, la lune biaisait ses rayons à travers les vitres d’une fenêtre.

Curieuse coïncidence, Lady Ethel Briedington refermait la porte voisine. Son vêtement assez sommaire se