Page:Allatini - Sur talons rouges, contes, 1929.djvu/131

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
101
SPRINGFIELD

allait joyeusement son train. Au-dessus trônaient les armoiries avec la célèbre devise : Semper ver in campo. Un grand paravent dissimulait la porte de la salle à manger et derrière le paravent se dressaient sur une table rustique de cabaret, des bouteilles sombres de toutes sortes, renfermant des alcools qui rivalisaient de force terrassante. Autour, comme des fleurs diaphanes et altières, émergeaient des coupes de cristal de grandeurs et couleurs variées, invariablement vides ou vidées. À tour de rôle un des convives disparaissait un instant derrière le paravent sans que les autres parussent s’en apercevoir.

Selon son habitude, Lord Stanley Springfield conduisit Lord Briedington vers un bahut fermé à clef. Il l’ouvrit et en retira une bulle.

— Vous voyez, Ellis, c’est la chartre de la Reine Vierge qui confère à l’Amiral Drake, mon digne aïeul, le titre de pair d’Angleterre et les terres de céans, et par cette chartre, je suis le cinquième comte de Springfield. Lisez ?… Mais je vous l’ai peut-être déjà montrée.

— Oui, hier, avant-hier et les soirs précédents.

— C’est juste, je n’y pensais plus… voulez-vous que nous fassions notre partie de rams ?

Ils disparurent un instant derrière le paravent, puis tous d’eux s’assirent à une table de jeu et prirent les cartes en mains.

Lady Somewhatslow faisait de la broderie anglaise. De temps en temps, elle plongeait sa main dans le sac