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SUR TALONS ROUGES

argent liquide s’est liquéfié dans la maison de Jeffrie où se livrent les combats de coqs les plus épiques. » Pardonnez à mon père d’être mort avant l’heure, et permettez-moi de vous demander de sa part, pour son fils, la main de votre fille.

— Oh ! vous avez assisté à des combats de coqs ? exclama Marjorie comme si les discours de Lord Jamland ne l’intéressaient que médiocrement. Racontez-moi ça ! Ce doit être merveilleux, palpitant ! Combien je regrette d’être une femme. J’aimerais tant assister à ces spectacles.

Wentworth prit la main de la jeune fille, qu’elle se garda bien de retirer.

— La dernière fois, c’était le premier du mois. Jeffrie vint me trouver et m’annonça le combat d’Ossian, un coq extraordinaire venu d’Écosse, qui avait déjà remporté neuf victoires. Il avait exterminé les champions du monde et devait, le lendemain, défier le vainqueur de Liverpool, le célèbre Jules César de la ferme Cooper. Bref, la description d’Ossian fut si alléchante que j’ai misé sur lui une somme telle qu’elle devait me rendre, s’il gagnait encore, tout ce que j’avais précédemment perdu. Je me fis prêter les vêtements de mon piqueur et me rendit à White Chapel. C’était une maison sordide. Je me faufilai dans un escalier obscur qui sentait un mélange de stout et de gin. J’aboutis à une salle basse, sans fenêtres, éclairée par une lampe suspendue au centre de la pièce. Autour d’une table blanche s’écrasaient une trentaine d’individus hor-