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SPRINGFIELD

Marjorie s’extasia froidement sur la beauté du paysage.

Lord Jamland prisa, et referma bruyamment sa tabatière.

— Vous ne vous décidez toujours pas à parler à votre père ?

Marjorie tressaillit.

— Je parlerai… demain.

— Demain quand nous partirons tous ? Cela vaut bien la peine. Il y a huit jours que nous sommes invités à Springfield et vous attendez le jour du départ pour vous prononcer.

— Et si vous lui parliez vous-même, suggéra-t-elle timidement ?

— Moi ? Les rôles sont renversés. Voulez-vous donc que j’agisse à la française ? que je mette ma plus belle paire de gants et mes plus hauts talons rouges et que je dise à votre père : « Milord, je suis Wentworth Dennis, Douglas Duncan Donald Radley, Earl de Jamland et regrette bien que mon père soit mort, car s’il vivait encore il vous aurait dit : « Milord, je viens demander la main de votre fille, Marjory May, Maud, Mary, Mabel pour mon chenapan de fils Wentworth. Je lui laisse mon château, mes terres, mes villages et mes bourgs avec ses cent soixante-sept fermes, ses deux cents quatre-vingt-six champs de houblon, et des rentes suffisantes pour entretenir tous ces biens. Seulement mon fils a perdu toutes ces rentes, car c’est un joueur invétéré et tout son