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SUR TALONS ROUGES

l’étreindre, mais elle put l’éviter et se blottit contre le mur. Puis avec hauteur, elle se raidit.

— Vous vous leurrez, mon Chevalier, je crois que vous ignorez à qui vous avez à faire, ainsi que les manières de bienséance. C’est lâche de votre part d’abuser ainsi d’un instant de faiblesse.

Walther blêmit. Il aurait voulu l’écraser de sa colère. Il se retint. Elle était une femme. S’il avait donné libre cours à son instinct impulsif, il l’aurait brutalisée de toute sa passion et de toute sa rage.

— Vous vous leurrez, poursuivit Waltrude… Oublie-t-on si vite un mari défunt qu’on a chéri l’existence entière ? Cette musique m’a fait croire un instant qu’il était là encore. Et vous, comme tous les hommes, tels des mâles en rut, vous ne songiez qu’à profiter… Oh ! c’est horrible… Vous me faites horreur.

— Waltrude !

— Sortez, sortez, si vraiment vous êtes un Chevalier. Et délivrez-moi du dégoût que votre présence m’impose.

— Waltrude ! Non, non !

Il ne trouvait plus ses mots… Son exaspération était au paroxysme. Ses mains s’agitaient au bout de ses bras, avides d’une proie à broyer entre les doigts.

— Vous vous jouez de moi… Vous m’aviez fait une promesse tout en m’imposant une épreuve… L’épreuve a été surmontée. Tenez votre parole, Waltrude…

Sa voix devint suppliante.

— Je vous aime tellement !